INFO, SPECTACLE ET SCIENCE
Les grands journaux d’information, les créateurs de contenu, le spectacle d’un lancement de fusée par Space X et l’histoire du Bar des Sciences Paris : voici les sujets de cette revue de web de mai.
L’information en transformation
Les journalistes représentent un important coût d’un grand journal d’information. Sur le site internet du magazine Influencia, la journaliste Pascale Baziller relate les échanges entre Louis Dreyfus, CEO du groupe Le Monde et Marc Feuillée, Directeur Général du groupe Le Figaro sur les grands axes et les enjeux de leur modèle économique, lors du colloque, « Démocratie, information et publicité » organisé par l’UDECAM (Union des Entreprises de Conseil et Achat Media) et l’ACPM (L’Alliance Pour Les Chiffres De La Presse et Des Médias) en collaboration avec Influencia, à la Sorbonne Université, le 23 avril 2024. Louis Dreyfus indique que le groupe Le Monde dispose d’une structure de coût de 180 millions d’euros dont 76 millions qui correspondent aux salaires des journalistes, soit 40% des coûts.
De plus, les coûts supplémentaires représentent le deuxième poste d’investissement. « Tout l’environnement de nos développeurs, du marketing digital, c’est 150 personnes pour Le Figaro. L’investissement marketing digital est un poste plus important que le papier et l’impression maintenant. Les dépenses technologiques des développeurs, il faut rajouter 30% au coût éditorial pour compléter notre effort proprement sur le digital », note Marc Feuillée.
Par ailleurs, le dirigeant du Monde déclare investir beaucoup dans la commercialisation comme son confrère du Figaro. « C’est 15% le coût de la commercialisation, de notre effort publicitaire », indique le Directeur Général du groupe Le Figaro.
En outre, selon Louis Dreyfus, l’intelligence artificielle (IA) peut très probablement décupler les capacités d’investigation. Ainsi, Le Monde a signé un accord avec Open AI afin d’augmenter ses capacités en journalisme. D’ailleurs, le groupe s’est doté d’une charte sur l’utilisation de l’IA. Mais le dirigeant du groupe Le Monde alerte : « Il faut que des groupes qui ont plus de 500 journalistes arrivent à défendre l’idée que le journalisme ce sont d’abord des femmes et des hommes. » Enfin, Marc Feuillée insiste sur la rigueur et la nécessité d’un système de régulation.
Cette information traditionnelle est bousculée par l’arrivée de créateurs de contenu. Dans son article sur le site Internet de The Conversation, Anne Cordier, Professeure des Universités en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Lorraine analyse comment les créateurs de contenu changent les codes de l’information chez les adolescents.
Ainsi, les créateurs de contenu comme Hugo Travers (Hugo Decrypte) et Gildas Leprince (Mister Géopolitix) occupent une place de choix dans l’écosystème informationnel des adolescents. Une exploration de leurs pratiques d’information fournit des clés de compréhension et d’action afin de développer une éducation aux médias et à l’information (EMI) intégrant ces figures et leurs contenus dans les apprentissages informationnels.
Les adolescents s’informent au quotidien, que ce soit sur l’actualité ou sur des questions liées à leurs centres d’intérêt, à leurs loisirs ou aux programmes et activités scolaires. Ces pratiques d’information sont très liées à la personnalité et à leur vie.
Leurs modes d’adhésion aux contenus informationnels produits par les créateurs informent sur les critères de crédibilité qu’ils appliquent pour évaluer ces contenus. Des critères témoignent d’une certaine rationalité chez ces acteurs.
Le premier critère, unanimement mis en avant est le travail info-documentaire effectué en amont et visible à travers la production (citation des sources, notamment), et l’adéquation entre le contenu proposé et les éléments de cours.
Le deuxième critère unanime concerne la pédagogie appliquée par le créateur de contenus, qui constitue conjointement une raison d’attachement : « Sa manière de faire, elle est attractive. Dr Nozman, il part d’un exemple concret, de la vie de tous les jours, ou alors de ce qu’on voit dans un film, et puis il explique comment c’est possible ou pas, c’est quoi les phénomènes physiques en jeu. C’est passionnant, et j’ai toujours envie d’en apprendre plus », explique Simon, un adolescent.
Enfin, le troisième critère, qui est l’objet de nombreuses discussions entre les adolescents, est la popularité du créateur de contenu, évaluée par son nombre d’abonnés.
Du spectacle au café scientifique
La communication de Space X se démarque par son originalité. Le magazine d’Arte « Les Dessous de l’Image » se penche sur le lancement spectaculaire d’une fusée par l’entreprise spatiale américaine. Pour le deuxième vol d’essai de Starship, la société a organisé une opération de communication réussie. La vidéo du live au visuel original a été visionnée plus de 9 millions de fois sur X. Une mise en scène qui a dissimulé des enjeux commerciaux et stratégiques majeurs. Les images sont impressionnantes et la musique est dramatique. Le live pop et ludique du second vol d’essai de Starship dénote de l’exercice classique des lancements spatiaux par les agences spatiales gouvernementales. Avec ce live, visionné par des millions de spectateurs sur X le 18 novembre 2023, Elon Musk a voulu une communication à la hauteur de l’événement. Dans ce numéro de ce magazine, le reporter spatial, Stephen Clark, dévoile les coulisses de ce décollage. Le sociologue Arnaud Saint-Martin explique, quant à lui, la stratégie marketing de SpaceX qui se présente comme un nouvel acteur avant-gardiste de la conquête spatiale.
Enfin, cette dernière vidéo que j’ai co-réalisé, retrace l’histoire du Bar des Sciences Paris avec un interview d’Yves Sacquin le co-fondateur dans la brasserie Au Vieux Châtelet, des extraits de vidéos d’anciens cafés scientifiques organisés par l’association ou ses partenaires dans d’autres bistrots et des photographies d’experts. Bon visionnage !