COMMUNICATION, ENVIRONNEMENT ET BIG TECH

COMMUNICATION, ENVIRONNEMENT ET BIG TECH

Le greenwashing, la pollution de l’Everest dénoncée via les réseaux sociaux, les publications sur LinkedIn et les relations entre la Big Tech et la démocratie : voici les sujets de cette revue de web de février.

Du greenwashing à l’alerte

Le greenwashing affine ses stratégies de dissimulation. Pour le site Internet de l’ADN, la journaliste Peggy Baron constate que certaines entreprises développent une expertise dans ce domaine. Ces nouvelles stratégies sophistiquées ont permis l’apparition d’un nouveau vocabulaire selon le Think Thank Planet Tracker.

Certaines marques ont, en effet, préféré faire appel au greenhushing (silence écologique). Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix. Si certaines souhaitent ne pas attirer l’attention d’ONG et d’associations écologistes pour préserver leur image, d’autres qui agissent en faveur de l’environnement par conviction, ne veulent pas être perçues comme des opportunistes environnementaux. De plus, les marques qui craignent de se voir reprocher de ne pas « en faire assez », préfèrent se taire.

Selon Planet Tracker, le greenshifting consiste à « rejeter la faute sur le consommateur » en le rendant responsable partiellement des pollutions. La campagne de publicité « Connaissez votre empreinte carbone » de BP en est un exemple car elle proposait à ses clients de partager leurs engagements en matière de réduction des émissions mais à l’époque, plus de 96 % de ses dépenses annuelles étaient consacrées au pétrole et au gaz, selon l’association caritative environnementale ClientEarth.

Le greencrowding est, quant à lui, « une forme sophistiquée d’écoblanchiment qui consiste à se cacher dans un groupe et se déplacer au rythme de celui qui adopte le plus lentement possible les politiques de développement durable. » Par exemple, l’objectif de l’Alliance To End Plastic Waste (AEPW – Alliance pour mettre fin aux déchets plastiques) était de « mettre fin aux déchets plastiques dans l’environnement et protéger la planète ». Huit des 20 principaux producteurs de déchets plastiques à usage unique font partie de l’AEPW. Des pétroliers comme ExxonMobil et Shell, Sealed Air (société d’emballage plastique) et PepsiCo en sont membres. Mais les objectifs d’investissement sont faibles et des cotisations moyennes ont chuté de 56 % au cours de ses trois premières années de fonctionnement selon Planet Tracker. La plupart des membres de l’Alliance font aussi partie de l’American Chemistry Council (ACC), l’un des plus puissants lobbys industriels au monde dont un de ses combats est le maintien des sacs en plastique.

Par ailleurs, le greenligthing consiste à détourner l’attention des activités néfastes pour l’environnement en communiquant sur des projets écologiques. Par exemple, TotalEnergies qui se présente comme un « acteur majeur de la transition énergétique » communique beaucoup sur ses investissements dans les énergies renouvelables (5 milliards en 2023) alors que ses investissements fossiles étaient de 12 milliards en 2023.

En outre, avec le Greenlabelling (ou étiquetage écologique), il est possible de qualifier un produit comme vert ou durable alors qu’il ne l’est pas vraiment. La marque de lessive Persil a adopté cette stratégie en 2022 afin de promouvoir ses nouveaux barils fabriqués à partir de bouteilles recyclées et sa « nouvelle formule détachante à base de plantes ». D’ailleurs, cette campagne a été sanctionnée par l’Advertising Standards Authority (Autorité britannique des normes de publicité) pour qui la marque n’avait pas réussi à apporter la preuve que « le nouveau produit était plus durable que le précédent. »

Enfin, le Greenrinsing consiste à changer régulièrement ses objectifs environnementaux (de type ESG-Environmental, Social and Governance) avant qu’ils ne soient atteints. Coca-Cola en est un exemple. Entre 2020 et 2022, il a baissé son objectif d’emploi de matériaux d’emballage recyclés de 50 % à 25 % d’ici 2030. Son dernier rapport sur le développement durable, la multinationale identifiait 47 risques pouvant conduire au « non-respect des objectifs de développement durable ».

Depuis plusieurs décennies, des déchets s’amassent sur les pentes de l’Everest. Cette pollution est dénoncée régulièrement sur les réseaux sociaux par les sherpas. Le magazine « Le dessous des images » diffusé par ARTE a traité de la communication sur cette montagne mythique et menacée par le tourisme de masse. Le 17 mai dernier, Tenzi Sherpa, guide de haute montagne, a publié sur Instagram une vidéo révélant l’étendue de la pollution sur le camp IV de l’Everest, à près de 8 000 mètres d’altitude. Il explique les raisons qui l’ont conduit à filmer ces images. De plus, le géographe Étienne Jacquemet analyse l’évolution de la figure de l’alpiniste-héros à travers la photographie.

Les BigTech et la démocratie

La publication sur le réseau social LinkedIn doit suivre certaines règles pour obtenir le plus d’impressions. Pour le Blog du Modérateur, le rédacteur Étienne Caillebotte présente les résultats de la dernière étude consacrée au réseau social professionnel LinkedIn effectuée par l’entreprise Metricool, spécialisée dans l’analyse et la gestion des réseaux sociaux. Elle a été réalisée à partir de plus de 41 000 pages d’entreprises et 1,5 million de publications de toutes natures sur une période de 122 jours, entre octobre 2023 et janvier 2024.

Metricool a identifié le carrousel comme le format le plus populaire sur la plateforme. Il devance les publications incluant des images (703), des vidéos (672) et exclusivement textuelles (589). Ce format génère, en moyenne, le plus d’engagement (32 %), de clics (427), de partages (1,79), de likes (14,5) et de commentaires (0,49) sur LinkedIn. En revanche, les posts totalement textuels entraînent moins d’engagement, avec une moyenne de 7,6 likes, 16,9 clics et 0,2 commentaire par publication.

La vidéo entraîne, quant à elle, un taux de commentaires élevé, similaire à celui des formats carrousels ou images. Mais les vidéos courtes suscitent plus d’intérêt : en moyenne, la durée de visionnage sur LinkedIn varie entre 13 et 15 secondes.

Enfin, Metricool recommande d’associer entre 1 et 3 hashtags aux publications. En moyenne, une publication intégrant entre 1 et 3 hashtags obtient 927 impressions. De plus, la société remarque qu’il est préférable de publier du contenu durant la semaine sur LinkedIn. En moyenne, davantage d’impressions sont observées pour les posts publiés le mercredi, jeudi et vendredi.  De plus, Metricool note un pic d’activité sur LinkedIn à 10h du matin à l’échelle mondiale et indépendamment du fuseau horaire. Selon l’entreprise, ce créneau est « le plus favorable et le plus fréquent pour publier ».

Intelligence artificielle, réseaux sociaux, implants cérébraux, métavers… Les « Big Tech » interviennent dans les jeux de pouvoir et de puissance entre les nations, perturbent la démocratie et retracent les nouvelles frontières de la souveraineté. Le 7 février dernier, dans le magazine « La grande librairie » de la chaine de télévision France 2, le présentateur Augustin Trapenard recevait Jean-Christophe Rufin pour « D’or et de jungle », un roman dystopique publié chez Calmann-Lévy, Raphaël Enthoven pour « L’Esprit artificiel », un essai philosophique sur les limites éthiques de l’intelligence artificielle édité aux éditions de l’Observatoire, Nathalie Azoulai pour « Python », une autofiction décrivant une plongée dans le monde des codeurs parue chez POL, Raphaël Gaillard pour « L’homme augmenté », un essai sur les interfaces cerveau-machine sorti chez Grasset et Asma Mhalla pour « Technopolitique » édité par Le Seuil. Dans l’extrait de cette émission diffusée sur YouTube, cette docteure en études politiques et chercheuse au LAP (Laboratoire d’Anthropologie Politique) de l’EHESS/CNRS, s’interroge sur l’avenir de la démocratie et du nouvel ordre mondial. Face à la montée en puissance des technologies dites de l’hypervitesse, cette enseignante à Sciences Po et Polytechnique lance un appel pour une prise de conscience urgente et contribue ainsi à la réflexion contemporaine sur les relations entre technologie, pouvoir et démocratie.