INNOVATION, VIRALITE ET VISIO
L’opinion sur l’innovation, l’utilisation de l’intelligence artificielle, la viralité sur Internet et l’apparence dans une visioconférence : voici les sujets abordés dans cette première revue de web de 2024.
De l’innovation à l’IA
2024 sera-t-il l’année du péril de l’innovation ? Pour le site Internet Meta Media, Aude Nevo, du MediaLab de l’Information de France Télévisions présente le Baromètre de confiance Edelman 2024 révèle un paradoxe. L’innovation rapide comme celle de l’intelligence artificielle (IA) pourrait entraîner des problèmes de confiance. Cette étude révèle les forces contradictoires entre innovation, confiance, et politique, avec un regard particulièrement axé sur l’intelligence artificielle, les énergies vertes, les OGM, et la médecine génomique. Selon les personnes interrogées, dans une proportion de près de deux pour un, l’innovation est mal gérée.
Ainsi, ce rapport constate un déclin du discours d’autorité. Les scientifiques sont jugés aussi fiables que les personnes interrogées avec un indice de confiance de 74. Selon le scientifique David Chavalarias, lors de l’édition 2023 de Médias en Seine, la pandémie « a créé un terrain très favorable à la remise en cause du système ». L’Idée que les journalistes et les dirigeants trompent devient plus forte. Ils figurent en bas du classement avec respectivement 47 et 45 points.
Selon les critères de sûreté, compréhension du public, bénéfice, et accessibilité, les entreprises sont jugées comme les acteurs les plus fiables pour intégrer les innovations dans la société, (59 pts). En revanche, les médias se trouvent en queue de peloton (48 pts).
L’IA représente, en effet, un défi majeur de désinformation à l’heure des élections, avec une inquiétude liée à la manipulation des images et de l’opinion publique. A l’heure des deepfakes, distinguer le réel devient toujours plus ardu.
L’étude propose alors 4 axes pour restaurer la confiance concernant l’innovation. Selon elle, il est important d’accorder autant d’importance à la mise en place de l’innovation qu’à son invention. Expliquer la science, les conséquences des innovations, et être pédagogue sont les règles à suivre dans les cas des vaccins, de l’IA et de l’énergie verte.
De plus, les entreprises doivent suivre le changement : Au cours de la dernière décennie, le baromètre de confiance a noté une croissance de 15 points (de 45 % à 60 %) du nombre de personnes déclarant que si les entreprises s’associaient aux pouvoirs publics, elles leur feraient davantage confiance par rapport aux changements dus à la technologie. Environ huit employés sur dix considèrent que leur PDG doit s’exprimer publiquement sur les compétences professionnelles de demain (82 %), l’utilisation éthique de la technologie (79 %) et l’impact de l’automatisation sur l’emploi (78 %).
De plus, les scientifiques doivent favoriser le dialogue pour conserver leur crédit., 45% des répondants ont répondu que « les scientifiques ne savent pas comment communiquer avec quelqu’un comme moi ».
Les dirigeants et les scientifiques doivent donc être attentifs aux questions et aux préoccupations des individus car ils sont plus favorables à accepter l’innovation s’ils ont l’impression d’avoir le contrôle sur leur futur.
Enfin, le rapport conclut par une déclaration de Richard Edelman, PDG d’Edelman : « Le fossé entre les classes sociales, l’énorme déséquilibre de confiance entre les entreprises et les gouvernements et l’« infodémie » ont été les moteurs du déclin de la confiance et de la montée de la polarisation. La peur de l’innovation est devenue la quatrième bûche sur le feu du populisme ». Les dirigeants, les scientifiques, les entreprises et les médias doivent donc créer un dialogue.
Par ailleurs, les médias régulent leurs utilisations de l’intelligence artificielle. Pour le site Internet de la Revue des Medias, Camille Pettineo, adjointe au rédacteur en chef chargée de l’exploitation éditoriale de la data à l’INA, expose les différentes politiques des rédactions vis-à-vis de l’utilisation de l’IA. Depuis l’été dernier, plusieurs rédactions ont exprimé leurs positions éditoriales sur cette pratique. Parmi ses médias, figurent Le Figaro qui a adopté une charte sur l’IA générative, le groupe Les Échos / Le Parisien, The Guardian, la BBC, le magazine Wired, le média Vox Europ et la radio canadienne CBC.
Les rédactions font appel à des outils d’intelligence artificielle depuis longtemps afin de collecter de l’information, investiguer, fact-checker, produire des contenus et distribuer leurs productions.
Mais les premières expérimentations étaient très chères à exécuter. Ces derniers mois, la nécessité d’auto-régulation est devenue pressante car selon Sylvain Parasie, chercheur au Médialab de Sciences Po, le coût d’accès aux services des IA génératives a diminué et demande moins de compétences.
Initiée par Reporters sans frontières (RSF), la Charte de Paris sur l’IA et le journalisme, publiée en novembre dernier, résulte des échanges entre 21 personnalités de 13 pays différents, « des individus et des organisations qui représentent à la fois les enjeux de la presse, mais aussi une expertise technique sur l’IA », indique Thibaut Bruttin, adjoint au directeur général de RSF.
Les sujets des discussions étaient notamment sur « l’indépendance des sources de données, comment sont construits les modèles, la transparence et la traçabilité des données ».
Si selon Thibaut Bruttin, les débats « les plus vifs » ont porté sur la question de la personnalisation de la diffusion ou de la production des contenus, un point a fait l’unanimité : la nécessaire formation des journalistes.
Viralité et visioconférence
En outre, les algorithmes conditionnent nos lectures sur Internet. Dans cette vidéo du Dej du CFPJ #34 Simon Ruben, Responsable des formations CFPJ médias et CFPJ com a soulevé la question « La fin de la viralité : Internet rétrécit-il ? » et a interagi avec des experts et les internautes présents. Les consultations et interventions des internautes sont limitées, en effet, par des filtres et des algorithmes calibrés. Si on est confronté qu’à des contenus qui nous correspondent, Internet reste-il encore un espace libre à explorer ? Un contenu potentiellement viral peut-il toucher des personnes radicalement différentes ? De nombreuses questions ont été traitées lors de ce live.
Il faut se soucier de nos apparences en visioconférence mais aussi de notre environnement. Dans un article du site Internet de The Conversation, Paddy Ross, Associate Professor au département de psychologie à l’université de Durham, a étudié les effets de l’arrière-plan des visioconférences sur l’auditoire.
L’environnement dans lequel on se trouve aide à révéler sa personnalité à la personne qui se trouve de l’autre côté de l’écran. Une étude réalisée par le chercheur et ses collègues a montré que les objets de son arrière-plan numérique peuvent influencer la façon dont les gens nous perçoivent. Si les individus ont leur première impression en se référant au visage et à la voix de leur interlocuteur, une table en désordre et un lit défait montrent un manque d’attention aux détails. À l’inverse, les plantes témoignent de son sens des responsabilités et de sa maturité.
Selon l’étude, des plantes ou une bibliothèque en arrière-plan augmentent de manière significative les évaluations de la confiance et de la compétence. En revanche, un salon ou un fond virtuel plus ou moins fantaisiste entraîne une diminution des évaluations. Un arrière-plan vide ou flou se situe entre les deux. De plus, les visages souriants et les femmes sont généralement jugés comme plus dignes de confiance et plus compétents. Toutefois, les visages masculins ont été considérés nettement moins compétents lorsqu’ils se trouvaient devant un salon, un arrière-plan « original » ou un mur blanc.
Par ailleurs, les arrière-plans Zoom peuvent être sujet à des interprétations concernant l’héritage, le handicap et le statut socio-économique d’une personne.
Si beaucoup d’individus soignent leur apparence lors d’une réunion ou d’un entretien sur Zoom, la webcam filme en grande partie l’arrière-plan.
Selon ses recherches, pour laisser une bonne première impression virtuelle, la présence des plantes derrière soi ou un encadrement par une bibliothèque sont profitables. Si on n’a pas beaucoup de contrôle sur son environnement, le sourire peut aider. En outre, des outils d’intelligence artificielle permettent de « ranger » virtuellement ou donner un peu d’éclat à son espace d’arrière-plan.
Ainsi, après avoir révisé ses notes et enfilé des vêtements élégants (au moins sur la partie supérieure de son corps), il est recommandé de regarder sa vidéo avant de rejoindre la visioconférence ou par-dessus son épaule.
Bonne année !