REVUE DE WEB SEPTEMBRE
La transformation numérique de la presse, le développement de la vidéo live d’un quotidien, les usages des mobinautes et le discours d’un politique ou d’un PDG : voici les sujets de cette revue de web automnale.
Médias en transition
La Presse continue à connaître une transformation numérique. Marc Michiels, Rédacteur en Chef du site Internet Culture RP a interrogé Alexandre Phalippou, Directeur numérique de l’Obs, ancien Rédacteur en chef du numérique à La Tribune et Rédacteur en chef pour le HuffPost sur son expérience et sur la transition d’un hebdomadaire vers un média en ligne.
La visibilité numérique permet de montrer à des lecteurs potentiels les articles que l’hebdomadaire produit et donc de lui donner envie de s’abonner. Quelques heures après une actualité, le lecteur consulte les premières analyses, les éditos, les interviews et les articles avec un angle précis et il est rapidement dépassé par le flot d’informations. Le journaliste doit donc traiter de manière originale un sujet et être le premier à l’aborder. De plus, le numérique permet de faire évoluer le contenu de l’article et créé ainsi un lien plus fort avec le lecteur.
La concurrence est donc devenue plus forte entre les différents supports. Aujourd’hui, grâce à Facebook, Google, Apple News, etc., le lecteur a accès à la production de chaque média et peut choisir ce qu’il va consulter. Il faut donc trouver un moyen pour retenir son attention sur l’article.
Selon Alexandre Phalippou, le principal challenge pour les journalistes est la défiance généralisée des Français vis-à-vis des médias. Le meilleur moyen de combattre cette méfiance consiste à être transparent. Lorsqu’un journaliste fait une erreur, il doit le reconnaître et rectifier l’information
Le directeur numérique de l’Obs pense aussi que les lecteurs sont prêts à payer une information originale. L’augmentation des abonnements numériques de Mediapart ou du Monde le prouvent. Concernant l’Obs, les abonnements ont doublé en un an. Pour lui, Twitter est essentiellement un outil de veille mais il peut être aussi un outil de promotion, pour des articles qu’il a aimés.
La vidéo live est un format médiatique en évolution. Pour le Blog du Modérateur, Flavien Chantrel, journaliste, a interviewé Marie-Amélie Putallaz, chef de service social media et Sylvain Chatelain, rédacteur en chef adjoint du Figaro et responsable de Figaro Live sur les usages de la vidéo live. Parmi les grandes tendances qui ont influencé le web ces dernières années, le temps réel et la vidéo occupe de très bonnes places. Les médias s’intéressent donc à la diffusion en live de vidéos afin de traiter l’actualité, couvrir des évènements particuliers ou de faire partager des débats d’opinion. Cela permet de rapprocher les rédactions des lecteurs, mais aussi de développer son activité et d’augmenter l’audience.
Marie-Amélie Putallaz, chef de service social media et Sylvain Chatelain, rédacteur en chef adjoint du Figaro et responsable de Figaro Live, ont communiqué sur leur retour d’expérience. Leurs premières diffusions en direct depuis un plateau datent de près de 10 ans, avec l’émission « Le Talk », tournée dans un studio du Figaro et diffusée en direct tous les jours. Puis plusieurs heures de direct par jour ont été réalisés avec le projet Figaro Live dès l’été 2016. Outre l’intérêt éditorial, le direct vidéo est devenu plus abordable, financièrement et techniquement, avec le développement de la 4G et l’évolution du matériel vidéo. Le direct permet d’intégrer la communauté dans un contenu éditorial. Avec le tchat de Figaro Live, un internaute peut poser une question, soumettre un avis et avoir un retour immédiat sur ce qu’il a écrit. Une conversation s’opère alors durant les diffusions.
Des reportages, des commentaires et des analyses d’images en temps réel, des interviews, des débats, des éditions spéciales thématiques (élections, incendie de Notre Dame, défilé du 14 Juillet…) ou des jeux. Des programmes quotidiens existent aussi : le « Buzz », qui est une interview avec des personnalités de la télévision à 10h30, « Décrypteurs », qui analyse l’actualité à 11h, le « Talk », une interview politique à midi, « Points de vue », le plateau de débat à 17h… Ainsi, près de six heures de direct sont réalisées par jour.
Facebook Live est aussi un canal de diffusion. Le player principal, Brightcove, est, quant à lui, disponible sur Figaro Live, une appli et sur le site Internet.
Ainsi, environ 30 collaborateurs interviennent pour le service vidéo Figaro Live, dont 3/4 de journalistes et 1/4 de techniciens. La VOD représente une part importante de son audience et de son volume de production (plusieurs dizaines de vidéos produites par jour). Sur le site Internet Le Figaro, elle fournit la majorité de l’audience vidéo mais selon Sylvain Chatelain, la production de direct présente le plus fort potentiel de croissance. Chaque live devient automatiquement une VOD une fois terminé, puis il est découpé pour être diffusé sous forme d’extraits, de best-of et de morceaux choisis.
D’ailleurs, des vraies communautés se sont formées autour de certains programmes. Une dizaine d’internautes échangent leurs opinions sur les controverses du jour à la suite de la diffusion de l’émission « Points de vue » en soirée. Enfin, les commentateurs des streams diffèrent de ceux qui commentent les articles.
Du discours au mobinaute
Les discours d’un ministre et d’un pdg s’adaptent aux types de médias et ne suivent pas les mêmes méthodes et des codes similaires. Dans les pages Business du site web Les Echos, Frédéric Vallois, « Plume » auprès du directoire de Vivendi et ancien conseiller ministériel fournit des clés pour bâtir le discours d’un ministre ou d’un PDG. D’abord, l’écriture des discours et les éléments de langage sont confiés à un expert dans les cabinets ministériels et les grandes entreprises.
Frédéric Vallois note quatre différences entre les discours d’un ministre et d’un PDG. Le premier : le commanditaire. En politique, une plume n’écrit que pour son ministre. En revanche, dans une entreprise, un « speechwriter » rédige pour plusieurs acteurs : le président, une équipe dirigeante (un conseil d’administration ou de surveillance, un comex, un directoire). Ainsi, lors des assemblées générales des groupes du CAC 40, de nombreux intervenants prennent la parole comme le président, le DAF ou le secrétaire général.
Deuxième différence : Le public écoutant le discours. Les interventions d’un ministre, sont très diffusées dans les médias car elles traitent des sujets d’intérêt général et s’adressent donc en principe à un large public. Dans le secteur privé, l’auditoire du discours est, quant à lui, plus sectoriel et donc plus confidentiel. Un chef d’entreprise s’adresse plutôt à des communautés précises : pouvoirs publics, investisseurs, actionnaires, collaborateurs, clients.
Troisième différence : les outils. Le discours (conférence de presse, décoration, vœux) et les éléments de langage (médias et réseaux sociaux) dominent dans la communication d’un ministre tandis que le récit de l’entreprise adopte des formats d’écriture plus variés et moins personnalisés : discours et éléments de langage, rapport annuel, plaquettes de présentation, lettres aux actionnaires, newsletters…
Dernière distinction : la langue. Dans la cadre politique, le français est la langue du discours généralement adopté sauf pour le Président de la République lors de ses missions internationales et certains ministres dont l’action est tournée vers l’extérieur (Affaires Etrangères, Défense ou Economie). À l’inverse, dans les grands groupes ayant des activités internationales, le discours est rédigé de plus en plus en anglais.
Enfin, les usages des mobiles diffèrent selon la tranche d’âge. Sur le Blog du Modérateur, le journaliste Fabian Ropars révèle la 4e édition du baromètre sur les usages du mobile en 2019 réalisée par Open, Testapic et l’EBG sur une population de 230 professionnels et de 1049 utilisateurs.
Les applications sociales font partie du Top 5 des apps installées sur leurs mobiles à tout âge. Facebook reste numéro 1 chez les 20-29 ans (58% d’installation), les 30-39 ans (53%) et les plus de 60 ans (29%). Quant à Instagram, il occupe la 2ème position chez les 20 – 29 ans (46%), et 5ème chez les 30-39 ans (24%). Plus de deux tiers des utilisateurs de l’étude ne veulent pas payer leurs applications sur mobile. Le prix maximum acceptable indiqué est de 5 euros.
Même si l’emploi du smartphone est répandu, l’ordinateur continue à être utilisé. 93% des particuliers l’emploient toujours dans leur vie privée. Quant aux professionnels, ils sont 94% à penser que le desktop est toujours d’actualité.