REVUE DE WEB DECEMBRE
La stratégie éditoriale, les relations avec la presse, les pratiques numériques et la gestion des mails : voici les mots clés de cette dernière revue de web de l’année 2018.
Du numérique à la confiance
Les mutations numériques font évoluer les politiques éditoriales. Pour le site Internet de Culture RP, Marc Michiels, rédacteur en Chef a interviewé Nicolas Becquet, journaliste, chef de projet et manager des supports numériques de L’Echo, journal quotidien économique belge. Celui-ci est également formateur et blogueur influent dans le secteur des médias. Une de ses problématiques est de s’interroger sur l’optimisation des processus métiers et mettre en place des collaborations entre les différents intervenants d’une rédaction pour créer des contenus multi-supports.
Son principal challenge au quotidien consiste à faire travailler des profils différents autour de productions qui présentent le point commun de fournir de l’information avec des contenus multimédias utiles conférant une valeur ajoutée à l’information et captiver l’attention du lecteur. En outre, le numérique dans la presse et les médias connait des changements permanents où l’agilité constitue une méthode de de management. Les logiques de production et de diffusion des contenus sont revues régulièrement tout en conservant une originalité éditoriale. Ainsi, Nicolas Becquet et son équipe agissent sur plusieurs temporalités : l’enrichissement multimédia d’articles au quotidien et par petites touches et des projets à moyen et long terme, plus complexes. Ils font appel à leur boîte à outils de formats afin de proposer une infographie interactive, un grand format visuel, une datavisualisation ou une vidéo. Ils viennent en appui pour la rédaction, afin de transcrire de manière multimédia les histoires des journalistes. Cela requiert une formation permanente de l’équipe et une remise en cause quotidienne qui passe par une évaluation systématique des productions. Ainsi, cela nécessite un investissement dans quelques profils spécialisés et passionnés par la nouveauté et les expérimentations. Le chef de projet occupe alors une place importante de pilier dans ce type d’organisation dont la difficile mission consiste à faire dialoguer les compétences tout en suivant un objectif clair. Si le « journaliste codeur » ou le « journaliste entrepreneur » sont des profils appréciés mais, selon lui, cela ne doit pas devenir la norme ou une forme d’eldorado.
Mais les médias ont besoin de journalistes qui consacrent la plus grande partie de leur temps à effectuer leur travail : collecter de l’information, la vérifier et la raconter. L’innovation éditoriale est une remise en question du traitement de l’information, dans son fonctionnement, ses a priori, ses thèmes et ses formats. Face aux mutations rapides et profondes de la société, elle doit être effectuée plus souvent qu’avant.
Dans l’organisation de l’équipe, du temps est consacré au développement d’outils ou de formats d’édition à travers un projet éditorial. La boîte à outils s’étoffe alors de morceaux de codes, des outils de cartographie, la charte graphique du site, des modes d’emploi pour les newsletters ou encore un portfolio des productions multimédia.
Enfin, l’intelligence artificielle dans l’univers du journalisme entraînera des conséquences sur la distribution et la personnalisation de l’information et la production aussi, notamment pour les tâches à faible plus-value.
L’opinion publique semble plus favorable aux journalistes. Sur le site Internet de Culture RP, Joëlle Montant, rédactrice web, note que selon la dernière étude Cision, « Marketing d’Influence : ce qu’en pensent vraiment les professionnels », le journaliste représente le profil idéal de l’influenceur pour 37% des professionnels du marketing, devant les nouveaux influenceurs des réseaux sociaux (Instagram, Twitter, YouTube). Si le marketing d’influence occupe une place importante ces dernières années, ces nouveaux influenceurs sont de plus en plus considérés comme ayant peu d’authenticité, ce qui réduit leur impact.
Si les consommateurs sont plus confiants par rapport à leur entourage ou aux personnes qu’ils trouvent sincères, ils le sont aussi par rapport aux journalistes des grandes rédactions qui tirent parti de la crédibilité et de la visibilité de leur média. De plus, leurs interactions sont de plus en plus régulières sur les réseaux sociaux, 66% d’entre eux déclarent même publier quotidiennement. Grâce à cette présence sur les médias sociaux, les consommateurs déclarent se sentir plus proche d’eux.
L’avis des journalistes constitue donc une référence et il est perçu comme un conseil donné par un ami ou un membre de la famille. Ainsi la proximité et l’honnêteté priment et créent un lien de confiance avec le consommateur.
Dans un monde envahi par les fake news et l’utilisation frauduleuse de données, les informations fournies par les journalistes sont jugées comme les plus fiables. Concernant les informations relevant d’une spécialisation ou d’une expertise, les journalistes sont aussi reconnus comme des leaders d’opinion.
En revanche, les professionnels de la communication doivent être prudents et redoubler d’efforts afin de continuer à gagner la confiance des consommateurs. En raison des évolutions technologiques et des canaux utilisés, les professionnels de la communication doivent être vigilants lors de leurs contacts avec des journalistes. Ils doivent donc être sincères s’ils veulent être considérés de façon sérieuse avec un discours original, vrai, direct et personnalisé.
Les communicants doivent clairement afficher leur motivation, exprimer pourquoi la diffusion d’un message de leur marque devrait être transmis sur tel média et convaincre le journaliste que leur actualité conviendra à son audience. Cela nécessite donc de connaitre le média, le journaliste et son audience.
Les journalistes apprécient, en effet, les discours sincères et qualitatifs, car l’authenticité n’est pas toujours au rendez-vous sur les réseaux sociaux. Pour bien pitcher, il faut également prêter attention au mode de communication que privilégient les journalistes. Ils préfèrent le mail à 90% car ils le jugent comme le meilleur moyen pour l’envoi d’un communiqué de presse ou d’une idée de reportage.
Si les médias sociaux permettent de souligner les contenus créés par les marques. Les succès des retombées dans la presse requièrent une activité régulière sur le web, en partageant et en publiant des contenus sur son site, son blog et ses réseaux sociaux.
De plus, les journalistes produisent des contenus informatifs de qualité afin d’éduquer. Cet engagement désintéressé les positionne comme le groupe d’influence le plus authentique. Ils sont donc plus difficiles à atteindre que les influenceurs. Les communicants doivent donc limiter leurs envois à des groupes de journalistes sélectionnés et élaborer des discours personnalisés grâce aux recherches approfondies sur les journalistes et leur média.
Le pratique numérique et la gestion des mails
Les français ont aussi leurs propres pratiques numériques. L’Arcep dévoile en cette fin d’année 2018 son baromètre sur les différents usages du numérique en France. L’enquête a été réalisée en juin dernier auprès de 2 214 personnes, interrogées à leur domicile. De cette étude, la journaliste, Cyrielle Maurice, a distingué, pour le Blog du Modérateur,10 tendances clés concernant les usages du numérique chez les Français.
Si 95% des foyers français possèdent au moins une télévision, le nombre total de postes dans une maison baisse. Le temps hebdomadaire consacré à regarder la télévision sur un poste a diminué de 2 heures par rapport à 2016, au bénéfice d’internet.
L’arrivée des plateformes de SVOD et leur succès changent les habitudes audiovisuelles des Français qui préfèrent de plus en plus une consommation multimodale et individualisée de leurs programmes.
Quant au mobile, il est l’appareil le plus utilisé par les Français pour notamment surfer sur Internet. 46% se connectent via leur smartphone, 35% seulement avec leur ordinateur (-3% depuis 2017) et 7% via une tablette. Ces tendances sont principalement adoptées par une population jeune (98% des 18-24 ans ont un smartphone, 86% font appel à la 4G et 83% utilisent le smartphone pour se connecter à internet), au profil socio-professionnel élevé (92% des cadres emploient un smartphone contre 79% pour les ouvriers). Concernant les usages du mobile, 53% des Français ont choisi la messagerie instantanée, soit 10% de plus en seulement un an. 41% de ces usagers déclarent utiliser ces applications de messagerie quotidiennement, et 40% disent réaliser aussi des appels avec elles.
Si l’emploi des réseaux sociaux s’est fortement accru en 2 ans, cette croissance ralentit en 2018. 59% des internautes font désormais appel à ces plateformes sociales, et cette tendance diminue chez les jeunes.
Pour l’accès à internet, 89% d’internautes sont recensés en France, tandis que 86% de Français possèdent d’une connexion internet à domicile. De plus, 4 personnes sur 5 font appel quotidiennement à internet, soit une augmentation de 4% depuis 2017.
Face à ces nouveaux usages, la volonté des internautes français à vouloir apprendre à se servir des outils numériques est toutefois faible. Près d’1 adulte sur 5 ne recourt jamais aux outils informatiques et numériques ou est bloqué en cas de difficulté. 42% cherchent de l’aide en cas de problèmes, le plus souvent auprès de proches (36%) tandis que 38% n’ont aucune difficulté ou se débrouillent seuls pour y faire face.
La gestion des flots des mails qui envahissent nos boites de réception peut être une des problématiques de l’internaute. Sur le site Internet Cadre-dirigeant-magazine, Hervé de Monteoul livre des conseils pour mieux gérer les e-mails. En voici des exemples :
– Communiquer par téléphone ou en face-à-face pour économiser votre temps et bâtir des relations
– Inscrire si possible « aucune réponse nécessaire » dans la ligne de l’objet
– Utiliser les messages automatisés et appliquer des filtres automatiques pour des types d’e-mails favoris qui se rangent automatiquement dans un dossier à consulter plus tard
– Respecter le temps des autres et éviter d’envoyer des e-mails à des heures indues, utiliser la fonction « livraison différée » dans Outlook, le menu « options » permet de choisir le jour et l’heure de l’envoi
Bonne fin d’année et bonne cure numérique !