REVUE DE WEB DECEMBRE

REVUE DE WEB DECEMBRE

Le temps, la communication des dirigeants et les usages mondiaux des nouvelles technologies : voici les thèmes abordés dans cette revue de web en cette fin d’année.

Le temps médiatique et le management

Le temps présent domine dans les médias. Sur le site Internet de The Conversation, Olivier Bomsel, professeur à Mines ParisTech, institution membre de PSL, dirige une chaire ayant reçu des financements de divers groupes industriels de médias dont Vivendi. Les récits édités par les médias, les mythes qui synchronisent les sociétés s’inscrivent dans des espaces-temps particuliers. À travers eux, les médias construisent et transmettent l’expérience temporelle des hommes.

Par ailleurs, l’expérience du temps oppose les notions de passé, de présent et de futur. Or, ces trois repères s’allient de façon différente selon la période historique. Ainsi, dans les écosystèmes médiatiques actuels, le présent domine. L’information en continu, l’activité intense des réseaux sociaux, le renouvellement accéléré des produits, la fréquence des alertes, révèlent une expérience du temps centrée sur le présent nommée par François Hartog le présentisme.

En outre, les grandes firmes de l’Internet, les Gafas des années 2000, mobilisent de s architectes renommés afin d’immortaliser leurs sièges sociaux. Avec cette démarche, comparable à un procédé éditorial où les sociétés publient leur propre image, les adeptes du présentisme entendent signifier leur éternité.

Quant au management, il connaît un raccourcissement du temps. Sur le site Internet de The Conversation, Julie Bastianutti, maître de conférences en Sciences de Gestion (IAE et LEM-CNRS UMR 9221) de l’université de Lille 1 informe que certaines études montrent une diminution de la durée des mandats de direction au niveau mondial depuis l’an 2000. La concentration des grands secteurs industriels américains continue de croître depuis dix ans.

L’abondance informationnelle subie par les dirigeants et leurs collaborateurs est la raison essentielle de ce ce sentiment d’accélération difficile à supporter. Si l’entreprise ressent une forte activité, elle connaît, en fait, une tendance à l’immobilisme.

Dans le monde de la compétition intense, la clé du succès réside dans la suite d’atouts concurrentiels transitoires. Les organisations doivent suivre le rythme de l’accélération du changement des business models dans des contextes concurrentielles éphémères. Or la capacité à gérer les périodes de transition entre les pics d’intensité nécessite d’obtenir des ressources et de développer des compétences particulières de management et d’innovation permettant de générer ces avantages périodiques et d’assurer la pérennité.

Un exemple : Google. Sa croissance repose sur le développement régulier de nouveaux produits et services. Cette stratégie de long terme, gourmande en investissements humains et capitalistiques permet de conserver une position de monopole dans les services intensifs en information. Derrière ce changement continuel, la recherche d’une situation ultra-dominante est accompagnée d’un contrôle renforcé sur les informations fournies sciemment ou non, par des utilisateurs de plus en plus captifs.

Par ailleurs, si l’information envahit notre espace physique et mental, l’attention diminue fortement car le design des outils et des applications est conçu afin de retenir notre attention. Cette société de l’épuisement inquiète par le développement d’un rapport narcissique à soi-même, qui s’épuise dans la pratique de la narration de soi. Plus gravement, elle engendre de nouvelles formes de servitude comme des stages de déconnexion et autres retraites sans tablette ni portable. Alors que le manager doit gérer le temps, il est porté par l’agitation perpétuelle. Or penser le rapport au temps est une urgence managériale.

Du dirigeant aux usages numériques

Les dirigeants des sociétés font, quant à eux, des coups de communication pour augmenter leur réputation. Dans le site Internet des Echos, Fabienne Schmitt, commente l’opération de communication du PDG d’Orange avec Barack Obama. Durant une demi-heure, Stéphane Richard assez fier, a échangé avec l’ancien président américain lors d’une rencontre au siège de Radio France à Paris, par le club d’influence Les Napoleons , devant l’élite des médias et des politiques.

Ce « coup de com’» s’est révélé une réussite pour ce réseau très sélect et la campagne de Stéphane Richard pour le troisième mandat à la tête d’Orange. En raison de la présence de Barack Obama, l’événement a connu un traitement médiatique intense. Les deux personnalités ont abordé les thèmes suivants : l’innovation, l’internet mondial, l’importance des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) en Europe, les futurs meneurs… L’ex-chef d’État américain a notamment partagé ses réserves sur le leadership des géants américains, insistant tout particulièrement sur Facebook « qui est en train de devenir la principale plateforme par laquelle l’information transite. ».

Le PDG d’Orange n’a cependant pas été désigné au hasard car l’opérateur télécoms parraine Les Napoleons. « On paye un ticket annuel, comme dans n’importe quel type de partenariat, explique Béatrice Mandine, la directrice de la communication d’Orange, refusant de donner le montant versé aux Napoleons. Et on apporte aussi nos technologies : par exemple Orange fournit le wi-fi lors des événements des Napoléons à Val d’Isère et à Arles. »

Le marché des télécommunications continue de croître. Sur le Blog du Modérateur, Thomas Coëffé présente les résultats de l’étude annuelle sur les usages mondiaux des nouvelles technologies réalisée par Google et TNS. Certaines données sur les pratiques numériques des Français sont consultables sur le site  Internet de consumerbarometer.com : 87% des Français accèdent à Internet, 70% visionnent des vidéos en ligne, 57% font appel à des plateformes de streaming. 56% surfent sur Internet tout en regardant un programme TV – mais cette navigation web en parallèle à un rapport avec le programme TV dans seulement 20% des cas. La détention d’objets connectés augmente : 2,3 objets connectés en moyenne en 2013, nous en possédons aujourd’hui 3 (smartphone compris). En outre, l’année 2017 est marquée par la mobilité. Pour la première fois, la proportion des utilisateurs de web mobile dépasse 50% dans les 63 pays examinés par le baromètre Consommateur. En France, 67% des internautes consultent le web avec leur mobile.

Les activités sur le smartphone, sont diverses : la recherche (65%), l’accès aux réseaux sociaux (64%) et aux plateformes de vidéos (57%). Le format vidéo, popularisé par les réseaux sociaux, connaît une hausse de 7 points depuis deux ans et les habitants des pays qui disposent des meilleures infrastructures réseau consomment le plus de vidéos. Au revoir l’année 2017 ! A nous, 2018 !